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Le Bouddha(7/7)

La voie qui mène à la cessation de la douleur

Ayant défini le mal , l’origine du mal et la cessation du mal, le grand médecin, le <<maître aux remèdes>>, détermine la marche à suivre pour atteindre ce but.

Il était naturel que le Bouddha et ses disciples, se proposant de délivrer les êtres de leurs souffrances, développassent particulièrement la partie de leur doctrine dans laquelle ils expliquaient les moyens à employer pour parvenir à cette libération.

Le Bouddha a ainsi défini la sainte vérité du chemin qui mène à la cessation de la douleur : <<C’est la sainte voie (mârya) à huit membres, à savoir l’opinion correcte, l’intention correcte, la parole correcte, l’activité corporelle correcte, les moyens d’existence corrects, l’effort correct, la mémoire ou attention correcte et la concentration correcte.

En fait , la doctrine bouddhique préconise un ensemble de méthodes beaucoup plus complexe visant à supprimer l’ignorance et à apaiser les passions, à réaliser d’une part l’examen approfondi des choses selon la réalité et d’autre part la quiétude de l’esprit. Le premier est obtenu par la voie de la vision qui commence par la compréhension claire des quatre vérités saintes et qui a pour effet de dissiper les doutes, les opinions fausses et les diverses sortes d’erreurs. L’autre est atteinte par la voie de la culture qui utilise des procédés variés et répétés ,du type de la méditation et la concentration, pour affaiblir graduellement les passions relevant du désir et de la haine jusqu’à leur disparition définitive. Le Bouddhisme reconnaît qu’il est relativement plus aisé de se débarrasser des défauts intellectuels que des vices de la sensibilité, plus profondément enracinés dans l’être. Tel renoncera à une idée dont on lui aura clairement prouvé la fausseté qui continuera à céder à la convoitise ou à la haine longtemps après qu’on lui en aura démontré la vanité et la nocivité.

Le Bouddha(6)

La cessation d la douleur

Le but est la cessation de la douleur, et par conséquent celle de la soif , celle des trois racines du mal que sont le désir, la haine et l’erreur, leur destruction totale, sans reste. On l’appelle encore extinction (Nirvâna), délivrance, épuisement ou lorsqu’elle s’accompagne de la mort ultime du saint, extinction complète( Parinirvâna).

Elle se produit généralement pendant la vie d’un saint. Celui-ci obtient alors les deux connaissances suprêmes, celle de l’épuisement de ses impuretés et celle de leur non-production à l’avenir. Il sait aussi qu’il a atteint le terme de sa longue carrière d’ascète e qu’il renaîtra plus jamais. Cependant, son existence ne s’achève pas pour autant à ce moment, sauf en des cas très rares. Comme la roue du portier continue à tourner même lorsque l’artisan l’a lâché, le saint continue à vivre pendant un certain temps déterminé par ses actes antérieurs et à recevoir les autres effets de ceux-ci en plaisir et en peine. Il cueille ainsi les derniers fruit issus de celles de ses actions qui n’avaient pas encore mûri. Il ne peut plus commettre désormais aucun acte nuisible ni produire aucune pensée mauvaise. Par contre, rien ne l’empêche d’accomplir des actions vertueuses ni d’avoir de bonnes pensées mais en raison de son suprême détachement, elles ne produiront aucun fruit entraînant une nouvelle naissance, elles seront donc stériles ou bien mûriront en faits agréables dans le reste de cette ultime existence. Pendant ses dernières années, le saint jouira sans cesse d’une sérénité que rien ne pourra troubler ni la tentation , ni la crainte, ni le ressentiment.

Lorsqu’il meurt, les cinq agrégats de phénomènes qui composaient sa personne cessent à leur tour, et il ne renaît nulle part. Logiquement, il ne subsiste donc plus rien du saint et le salut bouddhique est un anéantissement total. C’est bien ainsi que l’ont toujours compris les adversaires du Bouddha et de ses disciples. Cependant , ces derniers ont toujours énergiquement rejeté cette accusation. Il s’appuyaient notamment sur une parole attribuée aux Bienheureux et selon laquelle on doit dire ni que le Tathâgata existe au-delà de la mort, ni qu’il n’existe pas, ni qu’il existe et qu’il n’existe et qu’il n’existe pas à la fois, ni le contraire. Le terme employé, Tathâgata, fait doublement difficulté. D’une part, Ii est très ambigu, pouvant signifier<<ainsi parti>>,<< ainsi venu>>,<<allé à la réalité>>etc. D’autre part, il est devenu de bonne heure et sans que l’on se préoccupe beaucoup de son sens précis l’un des principaux titres du Bouddha.

Le Bouddha(5)

Tel un bon médecin qui , après avoir reconnu la nature de la maladie, en détermine la cause, Le Bouddha définit l’origine de la douleur : << C’est la soif , qui mène à renaître encore, accompagnée de l’attachement au plaisir ,trouvant son plaisir ici et là, c’est la soif du désir, la soif de l’existence, la soif de l’inexistence>>.Dans une formule aussi célèbre, il en donne une explication un peu différente et surtout plus complexe : conditionnées par l’ignorance se produit la composition. Conditionnées par les compositions se produit la conscience. Conditionnées par la conscience se produisent les nom et forme. Conditionnés par les nom et forme se produisent les six domaines sensoriels. Conditionné par les six domaines sensoriels se produisent le contact.. Conditionné par le contact se produit la sensation. Conditionnée par la sensation se produit la soif. Conditionnée par la soif se produit l’appropriation. Conditionnée par l’appropriation se produit l’existence. Conditionnée par l’existence se produit la naissance. Conditionnées par la naissance se produisent la vieillesse et la mort, les chagrins, les lamentations, les souffrances, la tristesse et les tourments. Telle est l’origine de tout l’ensemble des douleurs.

Le Bouddha (4)

Le monde de la douleur

<<Tout est douleur.>>(Sarvam duhkham),tel est le point de départ de la doctrine bouddhique.<<La naissance est la douleur, la maladie est la douleur, la vieillesse est la douleur, la mort est la douleur, le chagrin, les lamentations, les souffrances, la tristesse et les tourments sont douleur, l’union avec ce que l’on déteste est douleur, la séparation d’avec ce que l’on aime est douleur, ne pas obtenir ce que l’on désire est douleur, en résumé les cinq agrégats d’appropriation(1) sont douleur>>.Nul être vivant n’échappe à la douleur sous ses formes multiples. Certes, la légende indienne a bien imaginé des dieux et même des hommes comme ceux du continent septentrional, vrai pays de Cocagne, qui pendant toute la durée d’une existence se mesurant en milliers ou en millions d’années, ne subissent aucune peine, ne ressentent aucune douleur, si légères soient-elles. Cependant ces êtres merveilleux doivent, eux aussi, mourir et après leur mort ,renaître dans des conditions généralement pénibles. La maladie insensibilisée partiellement ou anesthésié complètement ne sent pas la douleur, il n’en est pas moins malade et lorsque l’effet apaisant de la cocaïne ou de la morphine se sera dissipé, il éprouvera à nouveau sa souffrance. Partout où il ira , partout où il renaîtra , l’être s’est guetté par la douleur qui est inséparable de l’existence.

(1):Il s’agit ,comme nous le verrons bientôt, des cinq groupes de phénomènes qui aux yeux du Bouddha constituent l’ensemble de la personne: la matière du corps, les sensations, les perceptions, les fonctions mentales, et la conscience .

Le Bouddha(3)

Il veut << s’abstenir de tout effort vain>>.Le monde suit un autre cours. Cycle après cycle, inconscients, aveugles, les êtres meurent et renaissent, happés par la roue des âges, au gré des formes qu’ils prennent sur la terre. Ce qui s’accomplit dans une destinée terrestre commande en tant que karma la forme de la réincarnation suivante, de même que cette destinée terrestre était déjà élaborée par une existence antérieure. Tel est irrémédiablement le cours du monde, mais en lui est possible le salut pour celui qui sait .Il entre, affranchi des renaissances ultérieures, dans le Nirvana. C’est dans la solitude que le Bouddha a acquis cette science.<<Je n’entretiens commerce d’amitié avec aucun humain.>>Il sait qu’il est délivré.<<C’est bon! je me garderai d’en faire part aux autres qui vivent dans l’amour et la haine, l’enseignement se dérobe à leur vue.

Mais le Bouddha ne peut longtemps demeurer satisfait d’avoir pour lui seul obtenu la délivrance. La compassion s’empare de lui pour tout ce qui est vivant. Bien qu’à contrecoeur, il se résout à prêcher sa doctrine. Il ne s’attend pas à de grands résultats, et plus tard, au moment où sa prédication remporte un si grand prodigieux succès, il prévoit que la doctrine authentique ne tardera pas à s’altérer. Pourtant il choisit d’aider l’humanité par la parole.<< Dans le monde assombri, je veux battre le tambour qui n’annonce plus la mort.>>

C’est à Bénarès qu’il commence à prêcher. Les premiers disciples se joignent à lui. Le Bouddha vivra encore plus de quarante ans ,voyageant, enseignant dans les contrées lointaines, du nord-est de l’Inde. Bien de nouveau désormais ne sortira plus de lui dans l’ordre spirituel. Cette période de sa vie revêt un double aspect : prédication de la doctrine élaboré, son adaptation pratique au sein de l’immuable. C’est pourquoi cette époque peut se résumer en quelques traits. Le Bouddha agit par exposés doctrinaux, récits, paraboles, aphorisme, on nous rapporte des dialogues, des scènes, des situations, des conversions. Il s’exprime en langues populaire, non en Sanscrite. Sa pensée est imagée ,mais il use du vocabulaire conceptuel élaboré par la philosophie indienne.

Mais décisive, quant à l’influence historique ,fut la création de communautés de moines soumises à des règles fixes. Les disciples quittèrent pays, métiers et familles .Pauvres et chastes, vêtus de la robe jaune, le crâne tonsuré, ils marchaient à l’aventure. Ils avaient atteint la connaissance , ils ne voulaient et ne souhaitaient plus rien en ce monde. Ils mendiaient pour vivre, tenant à la main le bol dans lequel les gens jetaient de la nourriture quand ils traversaient les villages. Les communautés eurent d’emblée règles et statut, administration et contrôle. Des compagnons laïques se joignent aux religieux, sans pour cela entrer dans l’ordre parmi eux des rois, de riches marchands, des aristocrates, d’illustres hétaïre. Tous prodiguaient leurs dons. Les communautés devint propriétaires de parcs et de résidences où l’on pouvait séjourner pendant las saison des pluies et accueillir les joules qui voulaient recevoir l’enseignement.

Cette organisation monastique, en s’étendant rencontra des résistances.<<Le peuple manisfesta ouvertement son hostilité : l’ascète Gautama est venu apporter la stérilité, le veuvage, la …des générations. Tous ces jeunes garçons de l’aristocratie se tournent vers l’ascète Gautama afin de vivre dans la sainteté.>>Quand les longues théories de moines s’avançaient, le peuple les tournait en dérision: <<Les voilà bien, ces crânes pelés! Ces doucereux à la tête penchées, avec leur contemplation. Contemplatifs, oui! comme le chat qui guette le souris.>>Mais le Bouddha pose comme principe le refus de combattre.<<Je ne lutte pas contre le monde, ô moines! C’est le monde qui lutte contre moi. Celui qui proclame la vérité, ô moines, ne s’attaque à personne dans le monde.>>

Le Bouddha(2)

Mais en vain. Jeûnes et austérités ne mènent pas à l’illumination. Gautama découvrit au contraire que l’ascèse, application stricte de règles ascétiques, n’aboutit qu’à dérober la vérité que la crainte à vide est inefficace. Alors il décide_ ce qui dans cette secte indienne passe pour une monstruosité_ de se nourrir solidement afin de retrouver ses forces. Scandalisés, les ascètes, ses amis, abandonnèrent le renégat. Il était seul. Il commença à pratiquer la méditation sans ascèse, dans sa pureté.

Une nuit, tandis qu’il méditait sous un figuier, lui vint l’illumination .D’un seul coup, avec une évidence totale, il vit apparaître devant les yeux de son esprit, la cohésion de l’Univers; ce qui est pourquoi cela est, comment les êtres ,dans leur aveugle soif de vivre, s’égarent sur les faux chemins de l’âme et renaissent sans cesse pour nouvelles réincarnations_ ce qu’est la souffrance, d’où elle vient, comment on peut y mettre fin.

Cette connaissance prend la forme d’un enseignement. Ni la vie dans le plaisir et la jouissance du monde, ni la vie dans l’ascèse, qui est l’art de se torturer soi-même, ne constituent la vie droite. Celle-là est ville, celle-ci riche de souffrances, aucune ne mène au but. La voie droite découverte par le Bouddha est celle du milieu. C’est le sentier du salut. Il part de la croyance encore obscure que toute existence est souffrance et qu’il importe de se délivrer de la souffrance. Une fois prise la résolution d’une vie droite en paroles et en actes, il s’enfonce par degrés dans la méditation, à partir de laquelle il atteint la connaissance qui se dessinait déjà dans l’obscure croyance initiale : la vérité de la souffrance élucidée. Le chemin parcouru ne s’éclaire donc lui-même qu’à la fin, grâce à la connaissance. Le cercle se ferme , la perfection est atteinte. Cette connaissance fait sortir du devenir sans fin et du transitoire, elle ouvre l’éternel, elle fait passer de l’être-au-monde au Nirvana.

Au pied du figuier, Gautama, devenu le Bouddha(L’illuminé ), demeure sept jours les jambes croisées, goûtant la joie de la délivrance. Et ensuite? parvenu par l’illumination à la certitude de son affranchissement, il veut garder le silence. Ce qu’il connaît est étranger au monde. Comment le monde pourrait-il le comprendre?

Le Bouddha(1)

Le Bouddha (environ 560B.C-480B.C) descend de la famille noble des Çakyas, qui gouvernaient avec d’autres familles un petit État à Kapilavastu, près du puissant royaume de Kosala. Le pays s’étend du pieds des montagnes neigeuses de l’Himalaya qui ,là-bas, toute l’année, dressent dans lointain leurs cimes éclatants. Le jeune Gautama grandit avec les garçons nobles de son âge et connût tous les plaisirs que richesse et naissance réservent aux mortels. D’un mariage précoce naquit son fils Râhula.

Son bonheur fut ébranlé lorsqu’il prit conscience de ce qu’est réellement la condition humaine. Il découvre la vieillesse, la maladie, la mort. Il ne convient pas, se dit-il, que je montre horreur et dégout devant l’affreuse misère du corps, car moi aussi je vieillirai, je connaîtrai la maladie et je mourrai.

<<Ainsi, tandis que ces pensées m’agitaient, toute joie de vivre s’éteignit en moi.>>Il décida alors (décision conforme aux traditions hindoues) de quitter maison, famille, pays et plaisirs de ce monde, afin de trouver le salut par l’ascèse. Il avait vingt-neuf ans. Un récit nous fait revivre au départ : << l’ascète Gautama, en ses jeunes années, à la fleur de son âge, dans la première fraîcheur de la vie, a quitté son pays pour n’en plus avoir. L’ascète Gautama, malgré l’opposition première de ses parents, qui se mirent tout d’abord à verser des larmes et à pleurer, s’est fait couper la barbe et les cheveux, il a revêtu des vêtements jaunes.>>

Des maîtres lui enseignèrent les exercices d’ascèse, le yoga; pendant plusieurs années il pratiqua la mortification dans les forêts.<<Quand j’apercevais un bouvier ou quelque ramasseur de bois, je bondissais de forêt en forêt ,de vallée en vallée, de montagne en montagne. Et pourquoi? pour qu’ils ne me voient pas et que je ne les voie pas.>>Dans la solitude se perfectionne la méditation : <<En vérité, voici un charmant petit coin de terre, une jolie forêt; une rivière coule ,aux eaux claires, avec de beaux endroits pour se baigner; des villages nichent alentour. Il fait bon être ici pour un fils de prince qui aspire au salut.>>Tels sont les paysages que hante Gautama, attendant l’heure de la révélation,<< la langue pressée contre le palais, retenant, réprimant ,refoulant de toutes des forces, ses pensées.>>

Le philosophe Soren Kierkegaard(2/2)

Kierkegaard en vient à attribuer à son mal un sens mystérieux et exaltant. Ilse complaît dans la familiarité de sa souffrance. Il se donne à sa mélancolie. Elle set sa confidente, son amie ,la plus fidèle maîtresse qu’il ait jamais connue. Il lui voue une sorte de gratitude, car en l’accablant lourdement, elle a fait de lui l’extraordinaire au service de Dieu.

Certes, le spectre de la folie se dresse plus d’une fois devant ses yeux épouvantés. Dans ces instants où il éprouve si fortement la crainte de sombrer, il proclame avec force la nécessité où il se trouve de découvrir une idée à laquelle il puisse vivre et mourir. C’est alors qu’il se trace une ligne de conduite : il sera l’individu au service du Christianisme.et cet idéal, il le maintiendra à travers toute son existence dans une tension passionnée de toutes ses énergies car, répète-t-il inlassablement ,il lui faut vivre dans l’intensité en dédaignant l’extension où la personnalité se disperse et s’éparpille : je me rapporte à l’intensité non à l’extension.

Cette mélancolie ,en l’amenant à rompre chaque jour davantage avec la vie sociale, le conduira vers une conception du Christianisme toujours plu intransigeante, plus austère, plus inhumaine. Kierkegaard se cherchera bientôt l’anéantissement de lui-même dans las souffrance sous regard d’un Dieu sombre et terrible qui condamne l’homme à être infiniment malheureux ici-bas, car de même, dit le penseur Danois, que la mère qui veut sevrer son enfant lui témoigne moins de tendresse afin qu’il se détache plus aisément de son sein, de même, par la souffrance qu’il lui inflige, Dieu veut sevrer l’homme du monde et de ses faux biens.

Le philosophe Soren Kierkegaard(1/2)

La brillante réussite universitaire de Kierkegaard sonne le glas de ses fiançailles. N’a-t-il pas déjà, eu un moment de détresse, confié à son journal: Déchiré comme j’étais au-dedans de moi-même, sans nulle chance de mener une vie de terrestre bonheur9—0 sans nul espoir d’un avenir heureux et confortable(—),quoi d’étonnant alors si, par désespoir forcené, j’ai sais uniquement le côté intelligent de l’homme, que je m’y sois accroché avec force et qu’ainsi la pensée de ma richesse intellectuelle ait été ma seule consolation ,les idées ma seule joie et les hommes mon indifférence?

Chaque jour sa mélancolie le domine de plus en plus, et dans ses tourments il voit le doigt de Dieu. Régine ne peut le comprendre et le traite de fou, mot cruel qui le cingle au visage. Le médecin consulté est pessimiste. Il ne croit pas que le jeune homme puisse supprimer son mal. Dans cette triste disproportion entre le physique et le psychique qui le torture, Kierkegaard voit désormais une écharde dans la chair, sa limite sa croix, le prix élevé auquel Dieu lui a vendu une force d’esprit qui cherche son égale parmi ses contemporains. Il doit détacher sa fiancée de lui ;Il se noircit à ses yeux, il joue les fourbes et les imposteurs. Les visites s’espacent; les lettres s’abrègent, quelques mots, toujours les mêmes: ne m’attends pas. Un soir, il se rend chez la jeune fille et lui cherche une mauvaise querelle. C’est la fin. Le lendemain, supplié par par le père de Régine, il revient une dernière fois. Je revins et lui fis entendre raison. Elle me demande: Ne veux-tu jamais te marier? Je lui répondis: si, dans dix ans, quand le feu de la jeunesse sera passé et qu’il me faudra une jeune fille au sang chaud pour me rajeunir. Nécessaire cruauté. Elle me dit: Pardonne-moi la peine que je t’ai faite. Je répondis: C’est moi qui devrais t’adresser cette prière. Elle me dit :promets-moi de penser à moi. Je le lui promis. Elle me dit: Donner un baiser. J e le lui donnais, mais sans passion. Dieu de miséricorde.

Elle tira un petit billet où il y avait un mot de moi et qu’elle avait coutume de porter sur sa poitrine; elle le retira, le déchira en silence en petits morceaux, puis elle me dit :Tu as pourtant joué avec moi un jeu cruel.

La rupture a fait scandale dans les milieux bourgeois de la capitale. Kierkegaard lui, des nuits durant sanglote sur son amour perdu. Malade, désemparé, il prend, le 25 octobre 1841,la route de Berlin.

Bien plus tard, il écrira: si je n’avais pas été un pénitent (—),si je n’avais pas été un mélancolique, mes relations avec elle m’auraient rendu heureux comme jamais je n’aurais rêvé de l’être. Qu’était donc cette mélancolie de Kierkegaard qui le laissait seul avec la sombre pensée de souffrir et d’avoir à souffrir? Elle n’avait rien de commun, a-t-il précisé plus d’une fois, avec la tristesse vogue des romantiques. C’était une véritable maladie. Névrose obsessionnelle? psychose maniaco-dépressive? Schizophrénie? Depuis cinquante ans, des diagnostics divers ont été formulés par les spécialistes de la psychopathologie, en pays scandinaves notamment.

Parce qu’une existence normalement humaine lui était refusé, la création littéraire devint pour Kierkegaard une nécessité vitale : Indiciblement malheureux comme je me sentais à cause de tous mes tourments intérieurs auxquels vint s’ajouter celui d’avoir rendu Régine malheureuse, j’étais pour ainsi dire perdu en cette vie; c’est alors que s’éveilla l’énorme production que j’embrassai avec une passion non moins énorme (—) Ah? Comme il est vrai le mot que j’ai souvent dit sur moi-même que Schéhérazade sauve sa vie en racontant des histoires; ainsi je sauve la mienne ou la maintiens à force d’écrire.